Le complexe Château de Sart , comme les Sartois ont coutume de l’appeler, comprenant deux parties distinctes (Vieux château et Ishango) caractérisées par deux tours de structure différente, a été jusqu’au début du XXe siècle la propriété de la famille de Trooz, dont la présence à Sart est attestée depuis la fin du XVIe siècle. Cette famille donna à la commune plusieurs bourgmestres et compta parmi ses membres un avocat, un notaire, un prêtre, un historien et un dessinateur. Ce dernier, prénommé Auguste, réalisa un dessin de la place du Marché de Sart en 1833, laquelle, sans entrer dans les détails, n’a pas connu de profondes modifications en près de deux siècles.
Ce dessin est fait dos à Petit-Sart dont l’appellation, farouchement défendue par les habitants de la dizaine de maisons qui forment le quartier, est également séculaire, alors celui-ci est à peine distant de 200 mètres de la place du marché, comme quoi les particularismes ont la vie dure dans les campagnes. La famille Detroz (Detrooz, de Trooz) se scinda en deux branches : celle de Verviers et celle de Sart. La branche de Sart fit construire le château, en réalité une ferme-château, en 1880, au milieu des prés, avec sur son flanc gauche un potager qui sert actuellement de parking et sur son flanc droit un parc dont il ne subsiste que les colonnes d’entrée donnant présentement accès à une habitation récente. Partant de la cour intérieure de la ferme-château une allée rectiligne, qui conduit actuellement au château des Clysores habité par la famille Herve, apparentée à la famille de Trooz, longeait jusqu’à la fin du XVIIIe siècle les ruines d’un vieux château avec donjon, dont le dessinateur Antoine Leloup (1730-1802) fit le dessin qui est arrivé jusqu’à nous, sous le nom de Castel du Petit-Sart. On pense que le castel fut la propriété d’un certain Grégoire, gros propriétaire de forges dans la région, dont on sait que celles-ci furent partagées entre ses deux fils en 1437 (le premier de ceux-ci deviendra châtelain de Franchimont et le second maire de Sart) puis probablement détruites sur ordre de Charles le Téméraire en 1468.
En 1599 un certain Raes Blanquenin acquiert « le château de Sart, avec courte, assise, grange, jardin, preits contigus ». Les écrits attestent en effet que ce ‘chasteau’ de type médiéval appartint à Raes Blanche, dit Blanc Jean du Sart, Seigneur de Troisfontaines jusqu’en 1622. C’est pour cette raison que les anciens villageois appelaient la ferme-château la cinse blanche, ce qui n’avait aucun rapport avec la couleur. Sans que l’on puisse établir comment le château est allé à la ruine, on sait qu’en 1880, année où la famille De Trooz achève de construire la ferme-château telle qu’elle est arrivée jusqu’à nous, il ne reste que des pierres de soubassement dont on se servira pour jeter les bases de la tour actuelle.
Une fois construit le nouveau château en contrebas, appelé Les Clysores, propriété de la famille Herve apparenté aux De Trooz, la ferme-château fut vendu et reçut le nom de Vieux château, attesté dans l’acte de vente, bien qu’une partie de la population continue à parler de Château de Sart, ce qui était également l’enseigne de l’hôtel-restaurant monté par l’avant-dernier propriétaire, comme en témoigne sa carte publicitaire. En 1927, le couple Julin-Gigot de Wandre, acquièrent la partie résidentielle du complexe aux fins de l’exploiter comme hôtel. Le bien connut des occupations variées, jusqu’à devenir un internat pour écoliers liégeois (Colonie scolaire liégeoise, Notre-Dame des Ardennes).
En 1954, le bien est vendu à Jacques Mertens-Cailloux, médecin qui avait accompli une partie de sa carrière en Afrique, à N’Gozi-Usumbura-Congo belge. A la mort de celui-ci en 1981, comme ses neuf enfants refusèrent l’héritage, la demeure resta vide et connut une sérieuse dégradation jusqu’en 1985, année où elle fut adjugée à Jean-Luc Gulpen, qui entreprit de la réhabiliter en vue de l’exploiter comme hôtel-restaurant. A la mort de celui-ci, la demeure fut mise en vente au bénéfice du fils encore mineur, sous la supervision du juge de paix à Spa. C’est ainsi qu’en 2000 elle devint la copropriété des six neveux et nièces de Fernand Hessel, revenu au pays au terme d’aune carrière de près de cinquante ans en l’Afrique centrale, en vertu d’un don manuel en numéraire dont il les gratifia. De 2001 à 2004, la demeure bénéficia d’une complète réhabilitation, pour devenir une maison privée, réservée à la famille et aux amis de celle-ci. En 2007, l’habitation de la partie professionnelle du complexe, exploitée jusque là comme ferme laitière, fut acquise par les mêmes six propriétaires, refaisant l’unité dudomaine, pour en faire une maison d’hôtes ouverte au public. La réhabilitation, à la suite d’un incendie interne, et le réaménagement dura jusqu’en 2013, année de l’agrément pour quatre chambres d’hôtes auxquelles est consacré le présent site. Quant aux parties strictement professionnelles de la ferme (étables et ateliers), elles furent acquises par trois propriétaires réunis qui les transformèrent en 15 appartements. Depuis, hôtes de Vieux-château, d’Ishango et des 15 appartements partagent la même cour intérieure. L’entrée à Ishango se fait d’ailleurs par cette cour intérieure, en passant par la grille qui en commande l’accès et en assure la sécurité.